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Existe-t-il une similitude entre le gouvernement de Nawaf Salam et celui de Saeb Salam en 1970 ?

Existe-t-il une similitude entre le gouvernement de Nawaf Salam et celui de Saeb Salam en 1970 ?

Conformément aux dispositions de la Constitution, le juge Nawaf Salam a formé le premier gouvernement de l’époque en accord avec le président de la République. Il s’est distingué des premiers ministres précédents par sa manière de constituer son cabinet, en séparant le ministère du Parlement, en excluant les quotas politiques et en évitant le “tiers de blocage”. De plus, il a nommé un ministre chiite indépendant, hors de l’influence du duo dominant, afin d’empêcher toute exploitation de la charte en cas de démission de quatre ministres. Ce gouvernement repose sur des compétences avérées et des experts non partisans, pouvant être proches des partis sans en dépendre directement. L’essentiel est que ses ministres ne quittent pas la session ministérielle pour consulter leur “référence” et recevoir des instructions, comme c’était souvent le cas auparavant.

Ce retour à un gouvernement de technocrates rappelle l’année 1970, lorsque Saeb Salam fut chargé de former le premier gouvernement après l’élection de Suleiman Frangié. À l’époque, le président Fouad Chehab était irrité par son influence, tandis que le général Raymond Eddé, figure clé de l’opposition au chéhabisme, revendiquait le ministère de la Défense pour juger les officiers du Deuxième Bureau. Face au refus de sa demande, une solution alternative fut trouvée : un gouvernement formé de ministres issus de l’extérieur du Parlement, surnommé “le gouvernement de la jeunesse”. Le journal An-Nahar l’avait qualifié de “gouvernement de l’inconnu”, composé d’hommes ne correspondant pas aux traditions politiques libanaises.

Parmi eux figurait Henri Eddé, ministre des Travaux publics, qui avait proposé un projet de sauvegarde du patrimoine et de préservation des bâtiments historiques. Son initiative ne trouva cependant aucun soutien au sein du Conseil des ministres, qui réduisit au contraire le budget de son ministère. Ce gouvernement marqua une rupture avec l’ère précédente, notamment après les divergences entre Abdallah Al-Yafi et Charles Hélou, notamment sur la question de la demande de forces internationales après le bombardement israélien de l’aéroport de Beyrouth.

Henri Eddé, dans un second temps, élabora un plan de réforme du ministère de l’Éducation, qu’il comptait soumettre au gouvernement. Toutefois, avant même sa présentation, il fut sommé d’annuler sa conférence de presse ou de démissionner. Après consultation avec Raymond Eddé, qui émit quelques réserves sur son initiative, il refusa de céder. Il fut alors révoqué, devenant ainsi le premier ministre à être officiellement limogé dans l’histoire du Liban, sur signature conjointe du président de la République et du Premier ministre. Des années plus tard, Suleiman Frangié déclara à la presse qu’il regrettait cette décision, un aveu marquant de la part de cet homme d’État.

Aujourd’hui, avec le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, un avenir nouveau semble se dessiner, fondé sur la réforme, le renouveau et la lutte contre la corruption, sans concessions face aux sanctions. L’apparition télévisée de Salam en tant qu’homme d’État a rassuré les Libanais par son discours structuré, sa vision politique et son engagement à appliquer l’accord de Taëf ainsi que les résolutions internationales. Il a également insisté sur la nécessité d’imposer la souveraineté de l’État et de garantir l’exclusivité des armes entre ses mains, comme il l’a clairement exprimé lors de son discours d’investiture.

Fait révélateur : les chaînes MTV et OTV ont ignoré cette interview, préférant diffuser des séries turques sans intérêt. Ce silence médiatique s’ajoute aux campagnes diffamatoires orchestrées par certains ministres, connus pour leur absence de culture et de moralité.

Les défis restent néanmoins immenses. Les mafias, les cartels financiers, les spéculateurs et les vestiges du système corrompu attendent leur heure pour saboter cette nouvelle ère politique. Ils sont habitués à contourner les lois et à bloquer les décrets avant même leur signature. Le ministère des Finances, en particulier, joue un rôle crucial dans cette bataille.

Par ailleurs, certains partis politiques s’accrochent à leurs positions sous le prétexte de la “résistance”, refusant toute évolution vers un véritable État de droit. Ils s’opposent à un Liban souverain et pluraliste, alors que leur modèle repose sur une vision diamétralement opposée à celle du pays : un appareil militaire étranger, fidèle à l’Iran, qui considère le Liban comme une arène régionale plutôt qu’un État souverain. Tant que cette influence persistera, la transition vers une véritable indépendance restera un combat ardu.

Raymond Abboud

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