La justice entre l’illusion du pouvoir et la réalité des restrictions : équilibre fragile entre injustice et liberté Écrit par le Dr. Gilbert Moujabber

La justice entre l’illusion du pouvoir et la réalité des restrictions : équilibre fragile entre injustice et liberté
Écrit par le Dr. Gilbert Moujabber
La justice n’est ni un simple slogan ni un texte juridique figé, mais une balance qui ne peut être équitable que lorsque tous sont égaux en pouvoir et en droits. Mais que se passe-t-il lorsque cet équilibre est faussé dès le départ ? Lorsque certains tiennent le fouet tandis que d’autres sont enchaînés, la justice devient une illusion vendue aux faibles, une arme utilisée par les puissants pour justifier leur domination.
Cette situation n’est pas qu’une théorie philosophique abstraite, c’est une réalité palpable qui traverse nos sociétés, en particulier au Liban, où la justice est devenue un privilège réservé aux influents et refusé à ceux qui n’ont d’autre force que leur voix pour la réclamer. Ici, il ne s’agit plus de justice véritable, mais d’une équation où les droits sont définis non pas selon l’équité, mais selon le rapport de force.
Quand la loi devient un outil entre les mains des puissants
La loi est censée être la pierre angulaire d’un État juste, mais au Liban, comme dans de nombreuses sociétés gangrenées par la corruption, elle est devenue un instrument au service de ceux qui détiennent le pouvoir. Exploitée pour protéger des intérêts particuliers et maintenir une structure d’inégalités, elle permet aux puissants de renforcer leur emprise tandis que les plus vulnérables restent prisonniers d’un cycle d’injustice et d’exclusion.
Le Dr Gilbert Moujabber met en lumière cette problématique en soulignant que la justice ne peut être réelle dans un système fondé sur les passe-droits, la discrimination et l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire à des fins politiques. Une justice effective doit être un rempart contre l’injustice, non un masque dissimulant la laideur du despotisme.
Le Liban, un modèle de justice à vendre
Au Liban, la justice est devenue une marchandise, accessible à ceux qui ont les moyens de l’acheter. Les élites politiques et financières jouissent d’une impunité totale, tandis que les citoyens ordinaires subissent un arsenal législatif qui ne s’applique qu’aux faibles. Cette réalité fragilise le concept même de justice dans le pays, réduisant son application à un simulacre orchestré par la classe dirigeante pour museler toute contestation.
Quelle est la valeur de la justice si elle ne protège pas les plus vulnérables contre l’arrogance des puissants ? Quelle est sa raison d’être si elle ne sert pas de rempart face à l’injustice et à la tyrannie ? Peut-on réellement parler de justice dans un pays où les opprimés sont jugés tandis que les oppresseurs sont acquittés ? Ces interrogations ne relèvent pas d’un simple exercice intellectuel, elles traduisent la détresse d’un peuple qui aspire à un système judiciaire équitable, où la justice est un droit et non un privilège.
Peut-on restaurer la justice ?
Briser ce cercle vicieux exige bien plus que de simples réformes de façade. Il faut une révolution des mentalités et des pratiques. La justice ne peut se résumer à un ensemble de lois inscrites dans des textes ; elle doit être une volonté populaire qui s’impose face aux abus du pouvoir.
Lorsque les Libanais comprendront que la justice ne se quémande pas mais se conquiert, alors seulement un avenir différent pourra émerger. Un avenir où personne ne tiendra le fouet, où nul ne sera enchaîné, mais où tous seront enfin égaux devant la loi et la justice.
Sommes-nous prêts à affronter cette vérité, ou continuerons-nous à croire aux illusions qu’on nous vend ?