
Entre un rampant dans l’escalier et un gardien sur le seuil : le Liban entre marchandage et dignité
Écrit par : Dr. Gilbert Moujabber
Le #Liban, que nous connaissions comme une patrie de dignité et de fierté, est devenu prisonnier d’une approche qui réduit la politique à la dépendance et le pouvoir au compromis. Dans un pays où « ramper » est devenu un mode de vie sur les seuils des palais présidentiels, et « veiller tard » est devenu un titre pour attendre aux portes des décisions politiques, le prestige de l’État est perdu, et le rôle du fonctionnaire qui avait juré de protéger la patrie et de ne pas la rendre, s’efface.
Quel avenir attend un peuple dont les affaires sont gérées selon la logique de la montée des escaliers, où les loyautés sont placées au détriment de la dignité nationale ? Comment peut-on construire une nation alors que les dirigeants attendent au seuil des décisions étrangères, oubliant que le véritable pouvoir naît de la volonté du peuple et non de l’approbation du monde extérieur ?
Rampant dans les escaliers… trahissant son pays
Celui qui grimpe les escaliers des palais politiques néglige l’honneur de la responsabilité. C’est celui qui nie la dignité du poste qu’il occupe et compromet les valeurs que véhicule la confiance nationale. Ramper ici n’est pas seulement un mouvement physique, mais plutôt une approche qui résume la soumission aux diktats internes et externes, au lieu d’élever la nation au rang des pays qui se respectent.
Et celui qui veille sur les seuils… la soumission fige l’état
Quant à celui qui surveille les seuils, il est l’image du fonctionnaire qui attend des miettes, incapable de prendre une décision sauf sur un signal venant d’une autorité supérieure. Cette veillée tardive n’est pas une corvée pour le peuple, mais plutôt une attente humiliante qui tue le dynamisme de la décision politique et perturbe le progrès des institutions.
Le Liban n’est pas un lieu de soumission
Au Liban, qui a payé un lourd tribut pour préserver sa souveraineté et son indépendance, ramper et veiller tard sont devenus le langage de communication entre les piliers du gouvernement. Quant au peuple, qui a toujours été maître de la situation dans les moments de faiblesse, il exige toujours un leadership digne de son histoire, et non pas un leadership qui se soumet aux diktats du temps et du lieu.
Fonctionnaires, la dignité est indivisible, et la souveraineté est indivisible. Ni les palais ne vous protégeront de la colère du peuple, ni l’attente n’apportera de solutions qui sauveront un peuple qui a commencé à payer le prix de vos transactions.
Ce pays a besoin d’hommes d’État qui mènent à bien un projet de construction, et non pas qui rampent dans les escaliers ou qui veillent tard le soir. Le Liban a besoin de dirigeants qui gardent la tête haute et parlent au nom de leur peuple, et non au nom des puissances qui les utilisent comme carburant pour leurs ambitions.
Ceux qui rampent et ceux qui attendent ne peuvent pas diriger un pays ni maintenir la flamme de l’espoir dans les yeux de son peuple.