الامتيازعهد جديد

Le Liban entre les chaînes d’un faux succès et le cri étouffé de la liberté Écrit par le Dr Gilbert Moujabber

Le Liban entre les chaînes d’un faux succès et le cri étouffé de la liberté

Écrit par le Dr Gilbert Moujabber

Dans un monde qui sanctifie le conformisme et soumet les individus à des normes de réussite rigides, le Liban est confronté à une crise qui dépasse l’économie et la politique : elle touche à son identité et à sa liberté. Le succès est devenu une illusion collective, où l’on ne mesure plus les individus à leur essence ou à leurs valeurs, mais à leur capacité à s’adapter à un système qui ne reconnaît que la victoire, peu importe les moyens employés. Comme le disait Eduardo Galeano : « On ne gagne pas parce qu’on est bon, on est bon parce qu’on gagne. »

Cette phrase résume le dilemme des Libanais aujourd’hui. La réussite n’est plus le fruit de la compétence ou du mérite, mais de l’aptitude à contourner les lois, à profiter du favoritisme et à s’intégrer dans un système qui privilégie la conformité au détriment de la créativité. Dans cette réalité, la liberté est sacrifiée, non seulement sur le plan politique, mais dans tous les aspects de la vie : le travail, la pensée, l’art, et même les ambitions personnelles.

Stéréotypes et conformisme : comment le Liban a-t-il perdu sa singularité ?

Le Liban a longtemps été un modèle de pluralisme intellectuel, de diversité culturelle et de leadership dans de nombreux domaines. Mais à mesure que les crises se sont multipliées, le succès est devenu une question de survie plutôt qu’un signe de véritable excellence. Les Libanais doivent s’intégrer dans un système rentier, sectaire et clientéliste sous peine d’être marginalisés ou précipités vers l’échec. La question n’est plus : comment puis-je être le meilleur ?, mais comment puis-je survivre ?

Dans le monde des affaires, l’intégrité et le professionnalisme ne suffisent plus pour progresser ; le succès repose désormais sur les affiliations et les loyautés. En politique, les voix dissidentes sont menacées de marginalisation, voire de répression, tandis que les figures attachées au statu quo occupent le devant de la scène. Dans les domaines artistiques et culturels, l’espace réservé aux voix libres s’est réduit au profit de contenus commerciaux dictés par la logique du marché, et non par la force de l’idée.

Sacrifier la liberté au nom de « l’utilité »

Le Dr Gilbert Moujabber révèle ici comment la liberté est devenue une denrée rare au Liban, sacrifiée sur l’autel de « l’efficacité » et de la « stabilité ». On tente de faire croire que la liberté est un luxe que le pays, embourbé dans des crises, ne peut se permettre, alors qu’en réalité, toute véritable renaissance commence par sa restauration. Les nations qui prospèrent ne sont pas celles qui imposent des cadres rigides à leurs citoyens, mais celles qui leur permettent de briser les normes établies, de remettre en question les systèmes traditionnels et d’innover.

Mais au Liban, l’audace intellectuelle est devenue un risque, et sortir des sentiers battus est une transgression silencieusement réprimée. Quiconque ose défier l’ordre économique en place se retrouve exclu du jeu. Quiconque tente d’innover dans un secteur sinistré est confronté à une bureaucratie oppressante. Même dans les sphères créatives, s’écarter des standards imposés mène souvent à la marginalisation, car ce n’est pas l’excellence qui est récompensée, mais la répétition et le conformisme.

Ce cycle peut-il être brisé ?

Il serait naïf de nier la gravité de la situation actuelle, mais la solution ne réside pas dans la résignation. Le véritable changement commence par une redéfinition du succès : non pas la capacité à s’adapter à un système défaillant, mais le courage de le transformer.

Les sociétés qui prospèrent ne sont pas celles qui punissent la différence et glorifient l’obéissance, mais celles qui protègent les esprits indépendants et offrent une chance à ceux qui osent réimaginer l’avenir. La question essentielle demeure : le Liban restera-t-il prisonnier de cette spirale infernale ou retrouvera-t-il enfin sa voix libre et sa singularité, qui ont toujours été les piliers de sa force ?

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

زر الذهاب إلى الأعلى