Message de l’Ambassadeur Dr. Gilbert Moujabber, Président de l’Association des Droits de l’Homme Al-Mawada, à la Conférence de l’UNESCO :
Un cri humanitaire pour les droits des personnes ayant des besoins particuliers
Combien de temps allons-nous continuer à ignorer les droits des personnes ayant des besoins particuliers ?
Madame, Monsieur,
Vivons-nous vraiment dans une société qui comprend le sens de l’humanité ? Ou sommes-nous immergés dans des questions politiques et des intérêts personnels, laissant derrière nous une grande partie de la population de ce pays souffrir en silence ? Aujourd’hui, nous sommes ici pour parler de progrès et de renaissance, mais comment un pays peut-il s’élever alors qu’il exclut 17 % de sa population : les personnes ayant des besoins particuliers ?
Ils ne sont pas un fardeau et n’ont pas besoin de pitié. Ce sont des êtres humains comme nous. Ils ont les mêmes rêves, le même désir de vivre dans la dignité et le droit de faire partie de cette société. Mais la réalité ? La réalité est que le Liban, qui se prétend civilisé et humain, les ignore, les isole et les laisse dans l’ombre. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de voix forte dans la rue ? Parce qu’ils ne crient pas comme nous ?
Pourquoi cette négligence ?
Les personnes ayant des besoins particuliers ne demandent pas de pitié, mais leurs droits naturels : leur droit à l’éducation, aux soins de santé, à un emploi et à la liberté de mouvement dans la dignité. Nos écoles ne sont pas préparées pour eux, nos hôpitaux ne sont pas proches d’eux, et nos routes les gênent au lieu de leur faciliter la vie. Qui est responsable de cela ? Qui ose nier ou négliger ces droits ?
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une scène douloureuse. Une société qui exclut ses enfants, intentionnellement ou par négligence. Un pays qui manque d’une vision claire. Et une classe politique préoccupée par ses calculs étroits. Comment pouvons-nous rester les bras croisés face à cela ?
Honte à nous tous
Ignorer les personnes ayant des besoins particuliers est une honte pour chaque individu dans cette société. Il ne s’agit pas d’une faveur, ni d’un privilège, mais d’un droit. Le droit à une éducation digne de leur dignité, à des soins médicaux spécialisés qui ne se transforment pas en un fardeau financier, et à des opportunités d’emploi qui leur ouvrent les portes de la production au lieu de les leur fermer au nez.
Les pays qui se respectent n’abandonnent pas leurs citoyens. Les pays qui construisent leur avenir commencent par autonomiser leurs citoyens les plus vulnérables, et non par les ignorer. Comment pouvons-nous nous permettre d’être si en retard ?
Message aux responsables
Chers responsables,
En tant que président de l’Association des Droits de l’Homme Al-Mawada, j’élève haut et fort ma voix et exige que vous preniez des mesures immédiates. Arrêtez d’ignorer. Arrêtez de vous préoccuper de vos luttes politiques et de vos agendas personnels. Il y a des gens parmi nous qui attendent une décision courageuse, une démarche audacieuse et une véritable réforme qui changera leur douloureuse réalité.
Les conférences et les promesses ne suffisent plus. Le monde évolue rapidement et nous dormons encore. Saviez-vous que réhabiliter nos écoles, nos hôpitaux et nos rues n’est pas un coût, mais un investissement ? Un investissement dans la construction d’une nation qui respecte la dignité de tous ses fils.
Message à la communauté
À la communauté,
Ne laissons pas simplement la balle dans le camp de l’État. Nous sommes tous responsables. Combien de fois avons-nous vu des personnes ayant des besoins particuliers et les avons-nous regardées avec pitié au lieu de les considérer comme une force productive ? Combien de fois en avons-nous parlé dans nos réunions, sans rien faire concrètement ?
Il ne suffit pas d’exprimer notre sympathie, il faut agir. Faire partie de la solution. Être une voix pour les sans-voix.
Commençons la renaissance avec eux
Le Liban ne se relèvera pas tant qu’il n’aura pas rétabli les droits de ce segment. Nous ne demandons pas l’impossible, mais la justice. Une justice qui nous oblige tous, en tant qu’individus et institutions, à être des partenaires dans l’intégration des personnes ayant des besoins particuliers dans ce pays.
Madame, Monsieur,
Les personnes ayant des besoins particuliers ne sont pas un fardeau, elles font partie de nous. Leur pouvoir dans leur silence est plus grand que notre bruit. Si nous continuons à les ignorer, nous perdrons une partie de notre humanité avant de les perdre.
Prenons aujourd’hui une véritable position, une position qui restitue les droits à leurs propriétaires et restaure l’esprit du Liban. Assez de marginalisation. Arrêtons d’ignorer. Soyons la voix du changement et commençons dès aujourd’hui, avant que l’histoire ne soit témoin de notre échec.
Ambassadeur Dr. Gilbert Moujabber
Président de l’Association des Droits de l’Homme « Al-Mawadda »
Paris le 24/1/2025
