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Lettre ouverte à Son Excellence le Président Joseph Aoun et à Son Excellence le Premier Ministre Nawaf Salam,

Lettre ouverte à Son Excellence le Président Joseph Aoun et à Son Excellence le Premier Ministre Nawaf Salam,

Salutations du plus profond de l’âme, de cœurs pleins d’espoir et de peur, d’âmes qui souffrent jour après jour et d’yeux qui versent des larmes sans fin, mais qui ne perdent jamais espoir.

Aujourd’hui, nous vous écrivons cette lettre, non seulement en tant que Libanais de notre pays ou de l’étranger, mais en tant qu’enfants de cette terre qui nous a donné naissance, une terre que nous aimons plus que tout au monde. Mais malheureusement, cette terre, qui a toujours été notre refuge et notre sécurité, souffre aujourd’hui comme nous souffrons, gémit comme nous gémissons et attend une réforme comme nous l’attendons. Cette terre, qui nous a autrefois accueillis avec tout son amour, est devenue aujourd’hui un lieu de douleur, un lieu où nous rêvons de revenir, mais où nous ne pouvons trouver le chemin qu’à travers les larmes.

Lorsque nous sommes à l’étranger, non seulement nous nous sentons loin de notre terre natale, mais nous avons l’impression d’avoir quitté toute notre patrie. Une patrie qui nous a ouvert ses portes, nous a donné la possibilité de vivre dans la dignité et a cherché à nous construire ensemble vers le progrès et le développement. Nous vivons désormais dans un monde éloigné de notre réalité. Nous qui avons quitté notre patrie, par force ou par choix, ne savions pas que ce serait le début de la douleur, un début qui ne finira jamais.

L’aliénation n’est pas seulement une question de lieu géographique, l’aliénation c’est quand on se sent étranger dans son propre pays. L’aliénation, c’est quand on voit sa patrie s’éloigner de nous à chaque pas, et qu’on entend parler de son effondrement et de sa corruption plus que de nouvelles de joie et d’espoir. Mais l’aliénation la plus cruelle, c’est lorsque nous voyons des enfants nés à l’étranger, poser des questions sur une patrie tombée dans l’oubli, sur des terres devenues des rêves inaccessibles. Nous voulons qu’ils vivent au Liban comme nous y avons vécu, qu’ils soient témoins du progrès de ce pays, de sa prospérité, de son histoire et de sa civilisation immortelle.

Mais malgré tout cela, nous croyons toujours que l’espoir n’a pas disparu. Nous croyons toujours que le Liban redeviendra ce qu’il était, que le Liban pourra à nouveau prospérer. Nous, qui l’avons laissé derrière nous, plaçons toujours nos cœurs et nos espoirs entre vos mains, confiants en votre capacité à faire progresser ce pays. Nous savons que ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une volonté sincère et d’une détermination à prendre des décisions audacieuses qui redonneront à ce pays sa gloire et lui rendront le statut dont il a toujours joui dans le monde.

Oui, nous avons besoin d’actes, pas de promesses. Nous avons besoin de véritables réformes qui garantissent les droits des Libanais, leur assurent la justice et l’égalité des chances, et leur permettent de vivre dans la dignité. Nous voulons un Liban dans lequel chaque citoyen se sent partie prenante de sa patrie, un Liban dans lequel il ne goûte pas l’amertume de l’oppression causée par la pauvreté, le chômage ou les mauvaises conditions économiques. Nous voulons un Liban dont la souveraineté soit inébranlable, un Liban qui ne soit pas vaincu par la corruption ou les quotas sectaires qui ont terni sa réputation.

Nous voulons un Liban dans lequel nos enfants pourront revenir avec fierté et honneur, et non pas vivre comme des étrangers. Nous voulons un Liban qui valorise la dignité de chaque citoyen et lui fait sentir qu’il fait partie intégrante de cette société qui contribue à son progrès et au développement de son territoire. Nous voulons restaurer la gloire du Liban, restaurer son rôle de centre de civilisation au cœur du Moyen-Orient. Nous n’accepterons rien d’autre, et nous ne tolérerons pas de voir ce beau pays devenir juste un souvenir dans la mémoire de ses enfants.

Nous ne voulons pas revenir au Liban tel qu’il était, mais nous voulons revenir à un Liban meilleur, un Liban prospère, un Liban qui retrouve sa position de leader dans le monde arabe et à l’échelle mondiale. Un Liban où chaque Libanais sent qu’il a réalisé ses ambitions, un Liban qui accueille tous ses enfants, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, et qui construit un avenir pour eux. Nous ne voulons pas revenir à un Liban noyé dans la corruption ou gouverné par des intérêts étroits, mais nous voulons revenir à un Liban qui sait faire face à ses défis, un Liban caractérisé par la justice, la liberté et la dignité.

Nous voulons un Liban où personne ne se sent étranger. Nous voulons un Liban qui nous donne envie d’y revenir, un Liban où nous pourrons marcher comme si nous ne l’avions jamais quitté. Un Liban qui offre des opportunités d’emploi aux jeunes, qui renforce les capacités des individus et leur fournit une éducation et des chances de vivre une vie décente. Nous voulons voir ce Liban, nous voulons le voir de notre vivant, nous voulons y retourner et sentir que notre rêve est devenu réalité.

Quant à nos enfants nés à l’étranger, ils ne connaissent le Liban qu’à travers nos histoires, mais nous voulons qu’ils vivent dans ce pays, qu’ils marchent dans ses rues, qu’ils touchent son sol de leurs mains et qu’ils expriment leur fierté du Liban comme nous le faisons. Nous ne voulons pas qu’ils se limitent aux histoires que nous leur racontons, mais nous voulons qu’ils vivent le Liban par eux-mêmes, qu’ils soient fiers de ce pays auquel nous appartenons.

Si nous ne réparons pas notre pays maintenant, que laisserons-nous à nos enfants ? Si nous ne commençons pas à construire le Liban aujourd’hui, comment pourrons-nous leur laisser un héritage dont ils seront fiers à l’avenir ? Le Liban que nous voulons n’est pas seulement pour nous, mais pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous voulons qu’ils vivent dans un Liban qui s’épanouit sous leurs yeux, un Liban dont ils peuvent être fiers et qu’ils considéreront comme leur patrie sans aucun doute ni hésitation.

Aujourd’hui, nous plaçons notre confiance entre vos mains, sachant que vous êtes capables de réformer ce pays. Mais la réforme ne vient pas avec des mots, mais avec des actes et une volonté forte. Nous savons que le Liban a besoin d’hommes d’État honorables, des hommes qui savent placer les intérêts de la nation au-dessus de toute autre chose. Nous savons que vous êtes capables de prendre des décisions cruciales qui mettront le Liban sur la voie du redressement, mais le temps passe et nous ne pouvons pas attendre indéfiniment. Le temps est crucial, et les Libanais, à la fois au pays et à l’étranger, croient toujours que le changement est possible, mais nous avons besoin d’actions pour confirmer cette confiance.

Nous voulons revenir, mais nous voulons revenir au Liban qui nous mérite, au Liban qui redonne espoir à nos cœurs, au Liban qui nous ramène à l’étreinte de notre terre et nous accueille avec fierté, au Liban qui ouvre les portes du futur pour nous et nous savons que ces portes seront pleines d’espoir et d’opportunités.

Avec tout le respect et la reconnaissance qui me sont dus,

Dr Gilbert Moujabber
Paris, 28 janvier 2025

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